Les remarquables Jardins à la Française

Les Jardins à la Française sont un style de jardin emblématique de la France. Ils se caractérisent par leur géométrie rigoureuse, leurs parterres de fleurs soigneusement entretenus et leurs allées symétriques. Ces jardins sont souvent ornés de fontaines, de statues et de topiaires sculptées. Inspirés par la symétrie et l'ordre, ils offrent une atmosphère élégante et formelle. Les Jardins à la Française sont appréciés pour leur esthétique classique et leur capacité à créer des espaces harmonieux et équilibrés. Ils représentent un héritage culturel et un art du jardinage raffiné.

Le jardin à la française le plus connu est probablement le jardin du Château de Versailles, situé à Versailles, en France. Ce magnifique jardin, conçu par André Le Nôtre, est célèbre pour ses parterres de fleurs géométriques, ses allées symétriques, ses fontaines et ses sculptures. Il est considéré comme l'un des plus beaux exemples de jardin à la française et attire des millions de visiteurs chaque année.

Voici cinq autres châteaux qui sont considérés comme les meilleurs exemples de jardins à la française:

1. Château de Villandry (France): Célèbre pour ses jardins en terrasses, le Château de Villandry est connu pour ses parterres de fleurs colorés, ses haies taillées et ses jardins potagers en forme de motifs géométriques.
    
2. Château de Vaux-le-Vicomte (France): Conçu par le paysagiste André Le Nôtre, le Château de Vaux-le-Vicomte est célèbre pour ses jardins à la française parfaitement symétriques, ses fontaines et ses canaux.
    
3. Château de Chantilly (France): Le Château de Chantilly possède des jardins à la française remarquables, avec des parterres de fleurs, des bassins, des statues et une grande perspective qui mène à un étang.
    
4. Château de Fontainebleau (France): Les jardins du Château de Fontainebleau combinent des éléments du style Renaissance et du jardin à la française, avec des parterres de fleurs, des allées bordées d'arbres et des fontaines.
    
5. Château de Chenonceau (France): Les jardins du Château de Chenonceau sont caractérisés par des parterres de fleurs, des allées ombragées et un jardin potager. Le château est également célèbre pour son emplacement enjambant la rivière Cher.

Ces châteaux offrent tous des exemples remarquables de jardins à la française, mettant en valeur l'art du paysage et l'harmonie entre l'architecture et la nature.

Les Origines du Jardin à la Française

Le jardin à la française, aussi connu sous le nom de jardin régulier ou jardin classique, est un type de jardin qui exprime le classicisme dans l'art des jardins. Il vise la perfection formelle, une majesté théâtrale et un goût pour le spectacle.

Son esthétique, ses éléments végétaux et ses statues sont directement inspirés des jardins du nord de l'Italie. Ces jardins, généralement de plus grande superficie, intègrent le paysage tout en conservant une recherche de perfection formelle: terrasses, régularité, linéarité, jeux d'eau et aménagements complexes (canaux, bassins, orangerie, pavillons). Ils mettent également en valeur l'art de la taille des végétaux (topiaire, héritée de l'époque romaine).

Le jardin classique atteint son apogée au XVIIe siècle avec la création du jardin de Versailles pour Louis XIV, qui devient une référence pour les cours d'Europe.

Le potager du château de la Roche-Guyon, vu depuis le donjon du château, avec au fond la Seine

Le classicisme se manifeste également dans l'horticulture, avec Jean-Baptiste de La Quintinie qui développe l'art de la taille des arbres fruitiers et des techniques de culture en couches, qui influenceront durablement les jardins de production. Cependant, le terme "jardin classique" est principalement utilisé pour les jardins d'agrément.

Les lois de composition

La conception des parterres et l'utilisation des surfaces d'eau intégrées aux espaces verts sont les premiers exemples de ce qui constitue l'esprit du jardin classique:

• Le plan est géométrique et exploite les avancées de l'optique, avec des élévations végétales taillées en murs et topiaires.
• Une terrasse surélevée domine et invite les visiteurs à découvrir progressivement le jardin. Les parterres près de la maison sont plus soignés.
• Un axe perspective traverse les pièces. Le jardin s'organise symétriquement le long de cet axe.
• La théâtralité se manifeste par des surprises, de nouvelles perspectives et des endroits cachés. Les terrasses masquent des parterres nouveaux et les bosquets abritent des salles discrètes.
• Les jeux d'eau atteignent leur apogée avec des fontaines et des cascades complexes.
• Le symbolisme est simplifié, avec des références mythologiques et des statues antiques le long des allées.
• Le jardin reste inchangé tout au long de l'année.

Il est important de noter que la plupart de ces éléments étaient déjà présents et utilisés dans d'autres styles de jardins (romain, classique italien, Renaissance italienne). La réelle innovation du jardin à la française réside dans son schéma structuré autour d'un grand axe de perspective qui se prolonge presque à l'infini dans le paysage naturel. C'est cette structure et ces dimensions inhabituelles qui rendent le jardin à la française unique par rapport aux autres styles.

Ainsi, seuls les jardins respectant ces caractéristiques (comme les exemples les plus emblématiques de Vaux-le-Vicomte et Versailles) peuvent être qualifiés de "à la française". Les autres jardins (comme certains de ceux énumérés ci-dessous) ne peuvent pas l'être.

Des jardiniers architectes

L'organisation du jardin à la française est établie dans l'important ouvrage d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville : La Théorie et la pratique du jardinage, qui traite en détail des beaux jardins communément appelés jardins de propreté (1709 ; 1713 ; 1732).

Jacques Boyceau, sieur de la Bauderie (v. 1560-1633), est le premier à conceptualiser le style français dans son Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l'art publié en 1638. Il définit et dessine des parterres, des pelouses, des bosquets et d'autres ornements. Son influence perdure à travers les jardins du Palais du Luxembourg, des Tuileries et de Saint-Germain-en-Laye.

Claude Mollet, jardinier d'Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, publie Théâtre des plans et jardinages, contenant des secrets et des inventions inconnus de tous ceux qui ont écrit sur ce sujet jusqu'à présent (1652). Il réalise un jardin à l'italienne au château d'Anet, et son fils André Mollet diffuse le style en Hollande et en Grande-Bretagne, introduisant ainsi le jardin "à la française" que toute une école de jardiniers reproduit et améliore dans toute l'Europe, notamment André Le Nôtre, Pierre Desgotz, Claude Desgots, Jean-Charles Garnier d'Isle, René Carlier, Jean-Baptiste Robillon, etc.

Broderies dans les jardins du château de Villandry (Indre-et-Loire).

Le classicisme se manifeste également dans l'horticulture, avec Jean-Baptiste de La Quintinie qui développe l'art de la taille des arbres fruitiers et des techniques de culture en couches, qui influenceront durablement les jardins de production. Cependant, le terme "jardin classique" est principalement utilisé pour les jardins d'agrément.

Le Nôtre appartenait à l'Académie d'architecture : formés au dessin d'architecture, les concepteurs de jardins français du xviie siècle laissent transparaître la prédominance architecturale. Toutefois le jardin classique correspond à une période d’accélération de l'horticulture que les classiques maîtrisaient parfaitement.

Le jardin à la française est conçu comme un écrin ou un décor pour la demeure, contrairement aux jardins antiques et arabo-andalous qui étaient des espaces habités en continuité avec la demeure. Le jardin est pensé comme un édifice, avec une succession de pièces que le visiteur parcourt, offrant des surprises, des moments de repos, des perspectives, des jeux de lumière et d'ombre, des allusions et des illusions... 

Le vocabulaire architectural utilisé pour décrire le jardin à la française reflète les intentions du concepteur. On parle de salles, de chambres ou de théâtres de verdure. On se déplace entre des murs de charmilles ou le long d'escaliers d'eau. Le sol est recouvert de tapis de pelouse bordés de buis, et les arbres sont taillés en rideau le long des allées. 

Les hydrauliciens exploitent toutes les ressources de la gravité, avec des terrasses permettant des circuits complexes et des escaliers d'eau. Les bassins, qui jouent le rôle de miroirs, prennent des proportions considérables. Dans le bosquet du Marais à Versailles, le paysagiste de Louis XIV, Le Nôtre, dispose des tables en marbre blanc et rouge pour servir des buffets. L'eau qui s'en échappe crée des carafes, des verres et des vases virtuels qui imitent le cristal. 

Les escaliers sont confortables, avec des paliers offrant des moments de repos d'où le promeneur découvre des points de vue. 

L'opposition entre les jardins à l'anglaise, qui sont des jardins de peintres, et les jardins classiques, qui sont des jardins de metteurs en scène, a été trop simplifiée. On réduit souvent le jardin "à la française" à un jardin de lignes droites opposé au jardin à l'anglaise où rien n'est orthogonal. En réalité, ils appartiennent tous à une génération de jardins décoratifs, les seconds exprimant une sensibilité préromantique tandis que les premiers sont encore marqués par l'ordre et le goût du jeu de la Renaissance.

La perspective corrigée

Le jardin à la française va au-delà de l'application rigoureuse des tracés géométriques et des lois de la perspective. Dès les premiers traités publiés au début du XVIIe siècle, des chapitres entiers sont consacrés à la perspective corrigée. Contrairement à la perspective optique, essentiellement théorique, la perspective corrigée anticipe les déformations liées aux effets de fuite. Lors du renouveau du jardin "à la française" à la fin du XIXe siècle, Henri Duchêne et Achille Duchêne parleront de l'art de la dissimulation.

Devenir du jardin français

Le jardin à la française évolue au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle en un jardin rococo, où les espaces ouverts sont remplacés par de nombreux éléments fantaisistes et des décors champêtres. Le goût pour les chinoiseries, l'exotisme et les scènes pastorales se développe sous le règne de Louis XV. Le jardin chinois, qui ignore la symétrie, devient à la mode et reproduit des paysages. Lentement, les jardins intègrent un style préromantique sous Louis XVI. La disparition du jardin à la française accompagne la fin du centralisme monarchique absolu qu'il représentait. Avant même la révolution, les jardins anglo-chinois arborent des temples de la fraternité.

Au XIXe et XXe siècles, un "renouveau" a lieu avec les paysagistes Henri et Achille Duchêne qui diffusent à travers le monde le jardin classique théâtral. Leur style est soigné, distancié, avec des grands parterres répétés, des symétries et des surfaces d'eau ordonnées, montrant une maîtrise remarquable du style adapté à des sites incroyablement divers. Lentement, ils contribuent à l'évolution d'un style majestueux, incorporant des espaces irréguliers avant la Seconde Guerre mondiale, marquant la fin des jardins fastueux. La renaissance du jardin à la française donne lieu à de magnifiques réalisations, comme le jardin du château de Linderhof par Carl von Effner, majestueux et concentré, allant au-delà du pastiche, dans un cadre exceptionnel.

Adolphe Alphand intègre, dans le parc Borély à Marseille, un jardin à la française du XIXe siècle et un parc à l'anglaise autour d'un lac avec une cascade.

Parmi les contemporains, une rare réalisation de jardin grandiose "à la française" est celle du décorateur Jacques Garcia, au jardin du château du Champ-de-Bataille. Ce jardin se déploie sur un axe ascendant, comme au palais royal de la Granja de San Ildefonso. Les nuances végétales y sont riches, parfois exotiques, mais ne s'imposent pas à l'avant-plan. Cette création démontre combien la majesté des proportions et la théâtralité dominent le visiteur, y compris quand le soin du détail est présent.

Le jardin classique, théâtral et majestueux, est un style impressionnant qui suscite toujours une forte attraction touristique et un sentiment d'harmonie, à l'opposé de l'intimisme du Généralife, qui a pourtant inspiré l'admiration des princes de la renaissance italienne pour l'art des jardins.

Principaux jardins à la française

• Parc du château de Versailles
• Parc du Thabor à Rennes
• Château de Vaux-le-Vicomte
• Château de Champs-sur-Marne
• Château de Chantilly
• Château de Meudon
• Parc de Saint-Cloud
• Parc de Sceaux
• Jardin du Luxembourg à Paris
• Jardin des Tuileries à Paris
• Château de Saint-Germain-en-Laye
• Château de Pignerolle près d'Angers
• Château de Hautefort en Dordogne (jardins à la française et parc à l'anglaise)
• Pavillon de Galon à Cucuron (jardins à la française contemporain composé de plantes provençales)
• Potager du château de la Roche-Guyon du château de La Roche-Guyon
• Château de Breteuil
• Château de Josselin
• Château de Villandry
• Jardin de l'Évêché de Castres par André Le Nôtre en 1616
• Château de Cormatin
• Château de Beaumesnil
• Château de Lunéville
• Château de Louvois
• Jardins du manoir d'Eyrignac
• Parc du château de la Brède (Bosquet de Montesquieu)
• Jardin du château de Grenouillon en Deux-Sèvres
• Château de Maintenon
• Jardins de la Fontaine